Culture et
tiers-secteur en Bourgogne-Franche-Comté

Étude menée en 2024 par l’association Tiers-lieux BFC avec le soutien de la DRAC et du Conseil Régional de BFC

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Les contributeur.rice.s

Cette étude a été conduite et réalisée par un groupe-projet composé de divers contributeur.rice.s du réseau Tiers-lieux BFC ainsi que deux structures pour apporter un regard sur les statistiques et les droits culturels.
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Nicolas Debaive

Le Pestacle

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Véronique Chatard

Les accords du Lion d'or

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Marion Lauras et Clément Lavault

La Bricole

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Bénédicte Pierret

La Coursive

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Julie Le Mer

La Pimenterie

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Laura Hervé

Collectif comme un Gant

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Joséphine Damidot

Tiers-Lieux BFC

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Yoan Paillet

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Inrae

Emilie Perron

Formatrice

Pourquoi cette étude ?

  • Étudier et mettre en évidence les spécificités de ce qu’est un "tiers-lieu culturel" en région Bourgogne-Franche-Comté (BFC)
  • Identifier plus finement ces lieux afin de mieux les accompagner dans le cœur de leur action : lien au territoire, utilité sociale, coopération et ouverture des publics
  • Comprendre les raisons du fort développement de projets de tiers-lieux à dimension culturelle en BFC et le regard que portent les artistes sur ces lieux
  • Questionner leur modèle économique et comprendre les enjeux de l’hybridité des activités
cartographie des personnes interrogées pour l'étude

Profil des répondants

55% sont en zones de revitalisation rurale (ZRR)
45% ont une jauge inférieure à 100 personnes
21% ne bénéficient d’aucun label ou dispositif de soutien
50% n’ont aucun·e salarié·e
50% sont hébergés à titre gracieux
42% ont une licence d’entrepreneur du spectacle

La programmation artistique

En 2023 :

  • 1 058 jours de programmation (soit 46 jours de programmation en moyenne), et 777 jours de pratique amateur,

  • + de 1 000 artistes programmé·e·s, dont 41% de femmes et 22% d’amateur·rice·s,

  • + de 80 000 spectateur·rice·s accueilli·e·s,
  • 75% proposent la gratuité et/ou l’entrée à prix libre.
88% co-construisent leur programmation avec d’autres associations et/ou leurs usager·ère·s

Les spécificités des lieux

  • Un ancrage territorial fort en particulier en zone rurale, et de nombreuses actions hors les murs,
  • Une diversité de propositions artistiques,
  • L’hybridation d’activités proposées,
  • La convivialité, le temps disponible pour écouter, la capacité à rassembler et à faire du lien,
  • La liberté d’initiative, le droit à l’erreur et l’expérimentation,
  • Un lieu accueillant et unique, souple et modulable.

Naissance du projet

Ils se sont généralement créés pour répondre aux enjeux suivants :

  • (re)faire vivre un lieu chargé d’histoire parfois abandonné, créer un lieu ressource commun aux acteur·rice·s du territoire, un lieu de convivialité,
  • vivre une expérience collective autour de la création de projets alternatifs,
  • répondre à des enjeux de transition sociale et écologique,
  • pérenniser une action qui allait disparaitre du territoire.
50% des lieux ont été créés par une association déjà existante.
𝘜𝘯 𝘵𝘪𝘦𝘳𝘴 𝘭𝘪𝘦𝘶, 𝘤𝘦 𝘴𝘦𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘶𝘯 𝘦𝘯𝘥𝘳𝘰𝘪𝘵 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘦𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘶𝘯 𝘪𝘯𝘵𝘦𝘳𝘴𝘵𝘪𝘤𝘦 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭'𝘦𝘴𝘱𝘢𝘤𝘦 𝘱𝘶𝘣𝘭𝘪𝘤 𝘦𝘵 𝘭'𝘦𝘴𝘱𝘢𝘤𝘦 𝘱𝘳𝘪𝘷𝘦́ 𝘴𝘢𝘯𝘴 𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘶𝘯𝘦 𝘪𝘯𝘴𝘵𝘪𝘵𝘶𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘤𝘶𝘭𝘵𝘶𝘳𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘰𝘶 𝘦́𝘥𝘶𝘤𝘢𝘵𝘪𝘷𝘦. 𝘜𝘯 𝘭𝘪𝘦𝘶 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘳𝘶𝘪𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘦𝘯 𝘧𝘰𝘯𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘶 𝘵𝘦𝘳𝘳𝘪𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘦𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘩𝘢𝘣𝘪𝘵𝘢𝘯𝘵𝘴, 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘶𝘯𝘦 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥𝘦 𝘥𝘪𝘷𝘦𝘳𝘴𝘪𝘵𝘦́ 𝘥𝘦 𝘧𝘰𝘳𝘮𝘦𝘴. 𝘊𝘦 𝘯'𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘢𝘴 𝘶𝘯 𝘭𝘪𝘦𝘶 𝘥𝘦́𝘥𝘪𝘦́ 𝘶𝘯𝘪𝘲𝘶𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘤𝘶𝘭𝘵𝘶𝘳𝘦. 𝘜𝘯 𝘭𝘪𝘦𝘶 𝘴𝘪𝘯𝘨𝘶𝘭𝘪𝘦𝘳 𝘤𝘢𝘳 𝘦𝘯 𝘤𝘰-𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘳𝘶𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘴𝘦𝘴 𝘶𝘴𝘢𝘨𝘦𝘳𝘴.
Metteuse en scène, comédienne

Ce qui fait commun entre tous !

Ce sont des lieux qui se situent “en lisière du monde culturel” par :

  • leur volonté d’incarner d’autres manières de faire ensemble,
  • le soin qu’ils mettent à poser un autre regard sur la société (dimension transformatrice),
  • la capacité qu’ils ont à “faire culture autrement” en plaçant au cœur de leurs actions les droits culturels et l’éducation populaire,
  • leur caractère modulable, réactif et agile,
  • leur capacité à être des lieux ressources pour les artistes et plus globalement pour l’ensemble du secteur culturel et artistique.
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©La Pimenterie

DES INTUITIONS CONFORTéES PAR l’analyse statistique de l'Inrae

  • L’analyse multifactorielle permet de mieux apprécier la diversité des lieux.
  • Elle mélange des variables quantitatives et qualitatives et permet de représenter les lieux qui présentent le plus de similitudes entre eux au regard de critères en proposant des regroupements.
  • Cette analyse est à manier avec précaution : il ne s’agit pas d’une vérité mais d’une autre manière d’appréhender les données.

Groupe 1 : Les lieux culturels expérimentés

  • Budget moyen : 420 000€
  • Part de subventions publiques : 50%
  • Nbre moyen de salarié.e.s : 4,2 ETP
  • Nés d’un manque sur le territoire
  • Situés en territoires ruraux (ZRR)
  • Modèles économiques expérimentés
  • Structures plutôt anciennes (2002)
  • Regardent la culture de façon professionnelle, avec les codes du secteur (licence, résidences...)

Groupe 3 : Les micro-lieux culturels en devenir

  • Budget moyen : 77 000€
  • Part de subventions publiques : 22%
  • Nbre moyen de salarié·e·s : 0,8 ETP
  • Nés d’un manque sur le territoire
  • Peu d’activités hors les murs
  • Occupation à titre gracieux de leur lieu
  • Budget limité avec peu de subventions
  • Emploient peu de salarié·e·s et pas d’intermittent·e·s
  • Peu implantés dans des dynamiques de réseaux

Groupe 2 : les lieux d’expérimentation sociale

  • Budget moyen : 155 000€
  • Part de subventions publiques : 24%
  • Nbre moyen de salarié..e.s : 1,6 ETP
  • Nés de la volonté de faire ensemble
  • Situés en territoires ruraux
  • De nombreux bénévoles
  • Des usager·ère·s associé·e·s à la programmation
  • Place importante pour la pratique amateur
  • Pratiquent l’entrée à prix libre
  • Lieux d’expérimentation

Groupe 4 : Les fabriques culturelles de territoires

  • Budget moyen : 330 000€
  • Part de subventions publiques : 61%
  • Nbre moyen de salarié·e·s : 4,6 ETP
  • Presque tous urbains
  • Ne sont pas construits sur des pratiques culturelles et artistiques fortes
  • Soutiennent les artistes et l’écosystème local, participent à la mise en réseau : ce sont des lieux ressources (beaucoup d’activités hors les murs)
  • Sont souvent labellisés (fabriques de territoire)

En quoi ces lieux répondent aux besoins des artistes ?

  • Ce sont des espaces-test : mise à disposition des espaces, mise en relation avec les usager·ère·s du lieu, mutualisation des ressources, des idées pour développer les activités, autorisation à “faire de l’inutile” et à avoir de la spontanéité,
  • Ils créent des passerelles avec les publics,
  • Ils permettent d’avoir des espaces de réflexions, de rencontres et de temps de partage entre pairs sur les pratiques vertueuses et contraintes de chacun·e,
  • Ce sont des espaces vitrines pour aller jouer plus loin dans les territoires et ainsi toucher d’autres programmateur·rice·s.
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©Manu Simier

Les enjeux pour les prochaines années

  • Stabiliser le modèle économique pour permettre aux collectifs de se concentrer sur leur coeur d’activité au bénéfice des territoires (conventions pluriannuelles d’objectifs multifinanceurs (Etat, Région, EPCI, Commune), financements privés...
  • Pérenniser et développer le projet en stabilisant l’équipe salariée (consolidation et/ou création d’emplois en particulier sur les postes de coordination, régisseur·euse, chargé.e de programmation, de communication), en trouvant un lieu pérenne pour accueillir le projet ou encore en se structurant autour d’un agrément ou d’un label.
  • Améliorer les conditions de travail et d’accueil : augmentation des salaires, diminution du temps de travail, externalisation de certaines tâches telles que la clôture des comptes ou le ménage du lieu, mise aux normes ERP.
  • Poursuivre la mobilisation et le renouvellement des bénévoles
  • Continuer à diversifier les publics et d’aller à la rencontre de la population

Pistes de réflexion pour répondre aux contraintes financières des lieux

Ces propositions sont issues de l’analyse de notre étude et du rapport de la Fondation Jean Jaurès (août 2024) “Quelle politique publique en faveur des tiers-lieux culturels en milieu rural”.

  1. Sortir des logiques de financements en silo pour faciliter la prise en compte de projets hybrides en créant une politique publique dédiée aux tiers-lieux culturels en particulier en zone rurale,
  2. Éviter toute politique de labellisation et cahier des charges uniformes, en particulier les financements par appels à projets qui créent une forme d’injonction à l’innovation, de la compétition entre lieux et obligent à une forme de professionnalisation au sein des lieux,
  3. Faciliter l’accès aux conventionnement pluriannuels après évaluation en y intégrant les collectivités territoriales volontaires,
  4. Réserver ce conventionnement aux projets servant l’intérêt général et actant le principe d’une lucrativité limitée,
  5. Placer le pilotage de l’accompagnement financier sous l’égide de l’ANCT, dans le cadre d’une coopération étroite avec le ministère de la Culture, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le GIP France Tiers-Lieux

Les besoins d’accompagnement et de formations identifiés

D’un point de vue général

  • Travailler l’implication des membres dans le projet,
  • Sensibiliser et accompagner les collectifs à la gouvernance partagée et aux logiques de contributions,
  • Accompagner à la mise en œuvre des droits culturels,
  • Accompagner la fonction employeur sur l’amélioration des conditions de travail,
  • Travailler sur l’engagement environnemental et sur la sobriété,
  • Évaluer / mesurer les effets du projet d’un point de vue qualitatif.

Sur les questions liées aux activités culturelles et artistiques : 
  • Professionnalisation des lieux sur l’accueil d’artistes (résidence, licence, modalités de rémunération des artistes, etc.),
  • Mutualisation d’emplois,
  • Accès aux dispositifs d’aide et de soutien aux activités du lieu (exemple du GIP Café-culture).

Les suites

  • Poursuivre les actions engagées au sein du groupe de pairs “culture” de Tiers-lieux BFC
  • Développer des actions de compagnonnage, de co-développement, d’inter-formation voire d’analyse de pratique entre acteur·rice·s 
  • Aller plus loin en proposant une recherche-action qui mette au cœur de la démarche les tiers-lieux, en tant que lieux ressources de leur territoire et en allant à la rencontre des usager·ère·s de ces lieux. Creuser les pistes de solutions relatives à la diversification des modèles économiques.
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©Les Accords du Lion d'Or

Financement de l'étude

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