Le 1er juin, le quatrième évènement « Faire tiers-lieux » organisé en Bourgogne-Franche-Comté a eu lieu à Chalon-sur-Saône (71). Ce temps d’échanges et de partage autour des tiers-lieux de Bourgogne-Franche-Comté a rassemblé une centaine de personnes.
Comme pour chaque édition, le réseau régional s’est adapté aux besoins voire aux envies de ceux et celles qui participent à cette dynamique sur le territoire. Et c’est avec Active – Pôle de l’Economie Solidaire qu’a été coorganisée cette nouvelle soirée en partenariat avec l’Espace des Arts. Un peu plus de 100 personnes, de tous horizons (tiers-lieux, porteur·euse·s de projets, élu·e·s, citoyen·ne·s, curieux·ses, etc.), ont ainsi pu échanger, partager un verre, un repas et même danser aux sons de Bal à 3 !
Les tiers-lieux sont des lieux surprenants, des lieux où l’on peut laisser libre court à son imaginaire, des lieux où l’on peut vivre nos utopies collectives ou individuelles, des lieux où il n’existe ni barrières ni frontières… Et c’est ce que nous avons souhaité expérimenter à nouveau en organisant un événement à la fois léger, mêlant informatif et festif, ouvert à toutes et tous ! Avec l’idée qu’à l’issue de la soirée, les participant·e·s repartent davantage avec des histoires inspirantes qu’avec une jolie définition.
En introduction, Céline Guéret a rappelé l’action d’Active en faveur de la communauté des tiers-lieux, et en particulier des tiers-lieux nourriciers. Fort de son expérience au bénéfice des acteurs de l’aide alimentaire, Active accompagne les projets de la région et même au délà, qu’ils soient à l’initiative de collectifs associatifs ou de collectivités. Joséphine Damidot a présenté l’ambition du réseau régional : mettre en récit et faciliter l’émergence de ces collectifs qui réfléchissent à d’autres manières d’habiter le monde et de faire société. Mettre en récit, c’est justement l’angle qu’a choisi Nicolas Debaive du Pestacle pour partager ce qui, selon lui, constituent des ingrédients indispensables pour faire tiers-lieu.
Les témoignages
Raconter la mémoire, c’est d’ailleurs une évidence pour Véronique Chatard des Accords du Lion d’Or (Simandre). Et pour raconter la mémoire, il faut collecter la parole. C’est de cette manière qu’a véritablement commencé l’aventure de cet ancien hôtel, devenu à la fois lieu culturel, d’expression et de création artistique mais aussi d’échanges et de rencontres. Un lieu magique, soutenu en confiance par la collectivité et qui, selon Alice Waring – artiste et bénévole – permet de prendre soin des autres et de remettre l’habitant au cœur des projets. Autre lieu, autre témoignage : peut-on faire tiers-lieu au sein d’une association d’insertion ? Fanny Gonzalez et Katia Julien de l’association Economie Solidarité Partage (Tournus) semblent le confirmer. A ESP, les salarié·e·s en insertion cultivent leur assurance et découvrent un autre rapport au travail en étant de véritables acteur·rice·s de l’association (jardin maraicher, épicerie sociale et solidaire, ressourcerie, etc.).
Synthèse des questions et échanges
- Combien de tiers-lieux en France ? Lors du recensement de 2020 porté par France Tiers-lieux, environ 3 000 tiers-lieux étaient actifs. Bien qu’il soit difficile de le quantifier tant la définition est large, un nouveau recensement a été réalisé en avril 2023 permettant de préciser le nombre et d’actualiser les informations (qui seront très prochainement publiées).
- Les tiers-lieux sont-ils surtout situés dans les territoires ruraux ? Toujours selon le même recensement, il semblerait qu’il y ait autant d’initiatives en zone urbaine qu’en territoire rural.
- Les friches culturelles sont-elles précurseurs des tiers-lieux ? Selon Nicolas Debaive, les tiers-lieux se sont inspirés des friches et de ce qu’incarnent aujourd’hui les lieux intermédiaires et indépendants (Lii). Des initiatives qui abordent l’art et le sensible au travers des usages et qui reprochent parfois au mouvement des tiers-lieux de singer leurs pratiques. Néanmoins, il existe des liens entre les deux mouvements, certains Lii se considérant parfois comme tiers-lieux culturels.
- Les tiers-lieux constituent-ils une transformation du monde associatif ? Les tiers-lieux, parce qu’ils redonnent le pouvoir de faire, la capacité aux acteur·rice·s de prendre part aux décisions du collectif, redonnent un nouveau souffle au monde associatif. Il faut cependant noter que les tiers-lieux ne sont pas tous sous format associatif, il y a également des SCIC, des tiers-lieux portés par des collectivités.
- Les tiers-lieux créent-ils des réseaux entre eux ? Oui et à plusieurs échelles d’après l’expérience de Nicolas Debaive. Certains s’organisent en consortium, d’autres mutualisent des moyens pour l’organisation d’un événement, d’une étude, etc. Et bien sûr, il y a les réseaux territoriaux souvent à l’échelle régionale (comme tiers-lieux BFC) mais aussi parfois à d’autres échelles (départementale, pays, etc.). Par ailleurs, les tiers-lieux s’investissent également dans des réseaux thématiques, qui dépassent la frontière des tiers-lieux (éducation populaire, fablab, culture, alimentation durable, etc.).
- Comment faire quand on n’est pas soutenu par la collectivité ? Après son voyage, Nicolas Debaive a ressenti que plus on s’éloignait du lieu plus l’adhésion au projet était forte. C’est le cas pour les habitants mais aussi pour les collectivités. Et d’une certaine façon, ces dernières attendent souvent des collectifs qu’ils prouvent leur utilité publique quand bien même ces initiatives s’installent souvent en réaction à un manque de services publics…
- Existent-ils des initiatives similaires dans d’autres pays ? Il semblerait que oui mais pas forcément sous une bannière unique « tiers-lieu » dont le concept s’est surtout matérialisé en France. Une participante fait état d’une étude des tiers-lieux internationaux menée par Léa Massaré di Duca. D’autres mouvements similaires en Italie et en Espagne sont évoqués par les participants. Une rencontre du mouvement des tiers-lieux en Europe a eu lieu début juin à Montpellier. Plusieurs études sont désormais en ligne pour donner une visibilité sur le mouvement européen.
- Comment capturer l’intérêt et les envies des habitant·e·s à participer à la vie d’un lieu ? Véronique Chatard a pris le temps. Enquêtes et bâtons de parole, elle est allée à la rencontre de tout le monde : habitants, artistes, élus, associations, etc. Une exposition dans l’ancienne salle de bal et racontant l’histoire de l’hôtel a constitué un acte fondateur.
Evènement co-organisé par Active, pôle de l’économie solidaire et Tiers-lieux BFC en partenariat avec le Générateur BFC et l’espace des arts.